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Pour une Meilleure Compréhension de la Structure Sociale des Wolofs

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Pour une Meilleure Compréhension de la Structure Sociale des Wolofs

Ogawa, Ryo

Tokyo University of Foreign Studies, Professor Emeritus

For a Better Comprehension of the Social Structure of the Wolofs of Senegal It is known that, among the Wolof people in Senegal of the West Africa, a kingdom called Jolof had already existed since around the 13th century and it originated other kingdoms as, for example, that of the Waalo, the Kayor or the Baol. It is true that these kingdoms had each a king who was called by a diff erent title in each kingdom, but all of them had almost the same social structure. Many Senegalese or foreign scholars have touched, directly or indi- rectly, the problem of the social structure of the Wolof people; almost all were in accord to say that the Wolof society was organized in a strict hierarchy and represented the social structure in a way of a stratifi cation composed mainly of three groups of people: the nobles and the common peoples/diff erent sorts of artisans who were organized in caste-like groups/the slaves (the position of the artisans and the slaves having been interchangeable).

A problem of this kind of comprehension of the structure existed at the level of the slaves. In fact, among the people who had been defi ned as slaves, there were slaves of the common people who were mainly agriculturers. ese slaves executed naturally the work of agriculture. But, there were also slaves of the king and the nobles. ese slaves who served the king and the nobles of different degrees were not agriculturers but executed the different kinds of works of the king and the nobles. e king’s slaves, called ceddo in Wolof language, were warriors who depended directly of the king and had a strong power, politically and socially. It is known that the chief of the king’s slaves participated in the election of the king and he was an intimate advisor of the king. As warriors, they naturally acted as soldiers in battles which a king made to other kingdoms, but they also attacked and plundered the common peoples in the kingdom. ey were the people quite near to the king and they had in consequence a strong political and social power.

By a comprehension of the society in a way of simple stratifi cation of the three groups of people, the Wolof social structure could not be apprehended correctly. In the book, La société wolof, published in 1981, Abdoulaye-Bara ff Diop insisted that it was essentially necessary to recognize two systems which

Keywords: Senegal, Wolof, Social structure, Stratifi cation, Diagram by coordinates (Sénégal, Wolof, Structure sociale, Stratification, Schématisation par axes de coordonnées

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worked in the Wolof society. He said that there was a “system of the castes” on the one hand which was based on the classifi cation of the people according to the diff erence of the professions, and on the other hand there was a “system of the orders” which worked in relation to one’s nearness to the central political power. I think that A.-B. Diop’s comprehension of the existence of two systems separately in the Wolof society has made a defi nite progress in its understanding.

But, there remained a great problem even in the comprehension of A.-B.

Diop. In fact, in spite of the fact that A.-B. Diop insists that there were two separate systems in the Wolof society and these separate systems interfered, influenced each other and overlapped each other, he never explained how these two systems interfered and overlapped each other.

at there were two separate systems which worked in the Wolof society, we agree. at these two systems interfere, and overlap each other, it is also an evidence, since these two systems function in one and the same society. If the two systems do not interfere, or overlap, one does not speak of the same soci- ety but two diff erent societies. So, the most important thing is to explain how these two systems interfere and overlap each other in the society. But, A.-B.

Diop does not explain it.

I examine in this article quite rapidly diff erent authors’ explanations on the social structure of the Wolof, and show by way of diagrams the stratifi ed types of the comprehensions of the society. I will explain the merits of the explanation by diagrams and also explain why it is diffi cult (or impossible) to express by way of a diagram the structure if one is constrained to the under- standing of the society by a stratifi cation of the three groups of people.

I fi nally propose an understanding by utilizing a diagram of coordinates.

On the axis x, we have an opposition of free/servile, and on the axis y we have, referring to the political power, an opposition of strong/weak. I will explain how easy to understand correctly the social structure in this way.

Finally, though I do not discuss in this article the problem of whether it is appropriate or not to use the term of caste to designate certain groups of people in the Wolof society, I propose that by using the notion of the privative opposition—the opposition of the marked versus the unmarked—we can most properly explain the social position of the “casted” people.

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1. Introduction—Problématique

Nous savons que, parmi les Wolofs du Sénégal dans l’Afrique de l’ouest, il s’était formé déjà vers le 13e siècle [Barry 1972: 68; Diouf 1990: 32] un royaume qui s’est scindé par la suite en plusieurs et que ces royaumes se sont maintenus jusqu’à la fin du 19e siècle. Le premier royaume que l’on peut qualifier comme un empire s’appelait le Djolof et c’est à partir de cet empire que les autres royaumes tels que le Waalo, le Kayor et le Baol ont vu le jour.

Ces différents royaumes avaient certes le titre du souverain qui différait d’un royaume à l’autre, tel que le Bourba dans le Djolof et le Damel dans le Kayor, mais ils avaient pratiquement le même type d’organisation sociale du point de vue de la forme. Quant à l’appréhension de cette organisation sociale, il était généralement de cours que l’on la conçoive comme structurée essentiellement en trois couches sociales; à savoir autour du souverain qui se place naturellement au sommet de la société existaient les gens de la noblesse qui avaient le pouvoir politique plus ou moins grand selon le titre et les gens du commun qui pratiquaient normalement l’agriculuture (ou l’élevage ou la pêche), ensuite il y avait les esclaves, et enfin les gens de métiers spécifiques tels que les forgerons, les boisseliers ou encore

les griots qui se spécialisaient en art de transmettre l’histoire. Les positions des esclaves et les gens de métiers spécifiques s’interchangeaient selon les auteurs; les uns plaçaient les gens de métiers juste après les nobles et les gens du commun tandis que les autres plaçaient les esclaves plutôt au-dessus des gens de métiers spécifiques.

En tout cas, ce qui est communément entendu c’est que les nobles, bien entendu, et les gens du commun sont les gens de condition libre. Ils sont libres de statut. Les gens de métiers spécifi ques sont également les gens libres alors que les esclaves sont, par défi nition, des gens non-libres de statut ou serviles.

Il y a un problème à cette façon d ’ a p p ré h e n s i o n . L e p ro b l è m e e x i s t e eff ectivement au niveau de l’appréhension de la couche des esclaves. Il y avait d’un côté un grand nombre d’esclaves des gens du commun qui faisaient en principe le même travail que leur maître; le travail de la terre. Mais il y avait également des esclaves de la couronne qui servaient le souverain et les nobles. Le travail de ceux-là n’était essentiellement pas la culture de la terre, mais c’était de servir le souverain et les nobles et, puisqu’il était fréquent que le souverain se livrât aux guerres, une fraction des esclaves de couronne se voyait donner le rôle spécifique de guerriers. C’étaient les gens d’armes que l’on appelait les ceddo. Les esclaves de 1. Introduction—Problématique

2. Appréhensions unidimensionnelles de l’organisation sociale traditionnelle des Wolofs

3. Interprétation par Abdoulaye-Bara Diop

de la structure sociale des Wolofs 4. Schématisation par axes de coordonnées

de l’organisation sociale des Wolofs 5. Discussions

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couronne en général fonctionnaient en tant que membres de l’entourage du souveain.

Les guerriers ceddo surtout dépendaient directement du souverain et ils avaient naturellement le droit de porter les armes dont ils se servaient non seulement en guerre mais même en temps normal contre les gens du commun pour se procurer des richesses à leur profit. Bref, il arrivait aux guerriers de profiter de leur position sociale pour s’attaquer aux paysans pour se procurer des gains à leur profi t personnel.

Il y avait plus. Le chef des esclaves de couronne participait même aux elections du souverain [eg. Barry 1972: 95; Diouf 1990: 70–72]. Selon l’expression de Pathé Diagne, “ce sont les meilleurs instruments de la politique des Damel (les souverains)”

et Diagne dit même que “Fara Birkeur est un homme de confiance nommé par Damel parmi ses propres esclaves pour la gestion de sa maison. Il est l’homme de confi ance intime qui règle la vie matérielle du souverain” [Diagne 1967: 113]. Enfin, nous comprenons que les esclaves de couronne, bien qu’ils fussent de statut servile, jouissaient en tant que proches du souverain d’un grand pouvoir des points de vue non seulement social mais politique également. Ce pouvoir dont jouissaient les esclaves de couronne grandissait encore plus avec le développement des traites atlantiques avec les Européens depuis la fin du 15e siècle à tel point que

“les distinctions traditionnelles de statut régissant la classe servile s’estompait”[cf.

Diagne 1967: 136–137].

L’appréhension de la structure sociale des Wolofs en trois couches qui consiste à y voir les nobles et les gens du commun/

l e s g e n s d e m é t i e r s / l e s e s c l a v e s , o u

bien les nobles et les gens du commun/

les esclaves/les gens de métiers ne peut pas expliquer d’une façon convenable les pouvoir sociaux et politiques dont jouissaient les esclaves de couronne. Depuis Ca da Mosto qui a exploré l’intérieur du Sénégal au milieu du 15e siècle [cf. Crone 1937] en passant par l’abbé Boilat vers le milieu du 19e siècle [Boilat 1984 (1853)]

les maints auteurs sénégalais et étrangers ont touché le problème de l’organisation sociale des Wolofs ou y ont fait mention et s’accordaient pratiquement toujours à l’expliquer en forme de pyramide en trois couches; les nobles et les gens du commun/

les gens de métiers/les esclaves, les deux dernières couches étant interchangeables.

Ce fut Ab doulaye-Bara Diop qui expliqua, dans son travail qui parut en 1981, que l’appréhension de la structure sociale des Wolofs en forme de pyramide de surface plane ne réussissait pas à l’expliquer d’une façon convenable ni complète. A.-B.

Diop y insistait qu’il fallait pour la pleine compréhension de la structure sociale reconnaître l’existence dans la société de deux systèmes qui fonctionnaient chacun sur un principe propre à chaque système.

A .-B. Diop expliquaint donc qu’il y avait d’un côté le système de castes qui consistait à classifier les hommes selon leur profession et de l’autre côté le système d’ordres qui, lui, consistait à situer les hommes selon leur proximité au pouvoir central. A.-B. Diop expliquait que ces deux systèmes fonctionnaient chacun sur un principe différent même si ces deux systèmes interféraient, s’infl uençaient et se superposaient. L’explication de A.-B. Diop parut en 1981 a modifi é fondamentalement la compréhension unidimensionnelle

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de la société wolof en y apportant celle bidimensionnelle, et je pense que cet apport fut un événement dans la compréhension de la structure sociale des Wolofs en ce sens qu’il a ôté pour ainsi dire les nuages lourds qui pesaient sur la compréhension en forme de pyramide de surface plane. J’entends p a r l ’ e x p r e s s i o n d e s n u a g e s l o u r d s l’appréhension de la couche des esclaves qui contient une ambivalence. Comme nous l’avons déjà vu en haut, les esclaves de couronne possédaient, bien qu’ils fûrent de statut servile, un grand pouvoir social ou politique du fait qu’ils étaient des gens en proche contact avec le souverain ou les nobles de différents degrés. L’explication en forme de pyramide de surface plane qui comportait les trois couches buttait chaque fois que l’on expliquait la position des esclaves. L’explication de A.-B. Diop y apportait une solution nette et réussit à dégager le ciel des nuages lourds.

Mais l’explication de A.-B. Diop n’est pas sans problème. C’est que, bien que A.-B.

Diop répète plusieurs fois que les deux systèmes de nature différente interfèrent, s’infl uencent et se superposent, il n’explique nulle part dans son livre comment et de quelle façon ces deux systèmes interfèrent et se sup erp osent. Reconnaître dans une société l’existence de deux systèmes différents qui fonctionnent chacun sur un principe différent, c’est entendu. Il est aussi normal ou même évident que ces deux systèmes interfèrent, s’influencent et se superposent. Si ces deux systèmes n’interféraient pas l’un dans l’autre, ne s’infl uençaient pas, ou ne se superposaient pas, l’on ne pourrait plus dire que l’on parle d’une même société et l’on devrait penser que l’on parle de deux sociétés

diff érentes. Si, dans une société, il coexiste deux systèmes différents qui fonctionnent en même temps, ces deux systèmes doivent naturellement interférer, s’influencer et se superposer. Si donc on parle l’existence d e d e u x s y s t è m e s d a n s u n e s o c i é t é , n’est-ce pas indispensable et obligatoire d’expliquer comment et de quelle façon concrète que ces deux systèmes interfèrent, s’influencent et se superposent? Ce serait même cette explication de superposition qui est essentielle. Si l’on manque de cette explication, la compréhension reste incomplète. Mais, dans son livre de plus de 350 pages, A.-B. Diop ne montre pas un schéma qui puisse expliquer la superposition de deux systèmes. Lorsque l’on parle de structure, celle-ci doit être montrée en forme de schéma. La structure présuppose la schématisation. Ceci s’applique non seulement lorsqu’il s’agit de la structure architecturale mais c’est également vrai pour la structure dans le domaine de la biologie ou dans le domaine sociologique.

Lorsque A.-B. Diop souligne qu’il y a les deux systèmes dans la société wolof et que ces deux systèmes s’influencent et se superposent et s’il n’a jamais essayé de montrer un schéma de superposition, on se demanderait si A.-B. Diop avait une idée nette sur la manière de superposition.

D a n s c e t a r t i c l e , j ’ a p p r é h e n d e l’organisation sociale des Wolofs non d ’ u n e f a ç o n u n i d i m e n s i o n n e l l e , p a r une stratification simple, mais d’une façon bidimensionnelle, à savoir une superposition de deux systèmes comme cela a été expliqué par A.-B. Diop. Mais, le but principal de l’article consiste à montrer cette superposition par une schématisation concrète car, comme je l’ai déjà dit, la

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structure doit être montrée en schéma.

Pour ce faire, je pense que la meilleure méthode de schématisation est celle par axes de coordonnées. Je montrerai dans cet article une schématisation par axes de coordonnées pour la compréhension de l’organisation sociale des Wolofs ainsi qu’une variante de la schématisation.

Enfin, j’expliquerai, pour comprendre la nature de la couche des gens de métier spécifi que, que l’on peut la comprendre le plus convenablement à l’aide d’une notion de l’opposition privative qu’explique Z.

Bauman.

D’autre part, pour ce qui concerne la catégorie des gens de métier spécifique, nous savons et nous verrons au cours de cet article que la plupart des auteurs sinon tous emploient le terme “caste” pour la désigner à l’instar du système hindou en Inde, mais il est aussi vrai qu’il y a une certaine différence de catégorisation selon les auteurs pour ce qui concerne le groupe qui est désigné par ce terme. Je mentionnerai dans cet article ce problème de différence de catégorisation montrant quelques exemples sans toutefois entrer en discussion détaillée car le but de l’article est de montrer une meilleure façon de comprendre la structure sociale des Wolofs par une schématisation plus raisonnable et non de discuter le problème de l’applicabilité du terme de caste.

2. Appréhensions unidimensionnelles de l’organisation sociale traditionnelle

des Wolofs

N o u s e x a m i n e r o n s i c i d ’ a b o r d l’explication de la structure sociale des

Wolofs par D avid Gamble [1957] en tant que celle typique des explications unidimensionnelles. Selon Gamble, la société traditionnelle des Wolofs était constituée fondamentalement de trois catégories des gens, ces trois catégories étant structurées en stratification. Au sommet de la stratification sociale était les gens libres (jaambur(( 1) ou gor), ensuiter venaient les gens de “castes inférieures”

(=ñeeño), et enfin il y avait au plus bas de la stratification les esclaves (=jaam= ). C’est bien entendu que chaque couche de la stratification comportait des subdivisions telles que, en couche des nobles, les garmi qui avaient le droit d’élire le souverain et également d’être élu le souverain et les doomi-buur qui n’avaient pas ce droit. Lesr baadoolo qui sont les gens du commun et qui vivaient de l’agriculture (ou de l’élevage ou de la pêche) aussi constituaient une sub division de cette couche. D ans la couche des gens définis comme ceux de

“castes inférieures”, il y avait par exemple les forgerons (=tëgg) ou les cordonniersgg (=uude) ou encore différentes sortes de griots. Mais, le but de cet article étant de montrer une méthode de mieux saisir la structure de la société et non d’expliquer en détail les diff érentes subdivisions de chaque couche sociale, je n’entrerai pas dans cet article davantage en question de détailler les subdivisions.

Gamble distingue, dans son explication en trois couches, deux sortes d’esclaves à savoir d’une part les personnes qui ont été mis en servilité par achat ou capturation en guerre (les esclaves achetés ou capturés) et d’autre part les esclaves nés au domicile

1) Pour les notations de termes wolofs, je suis celles adoptées dans leDictionnaire Woloffde J. L.

Diouf [2001].

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de leur maître (les esclaves de case). En même temps, Gamble dit que les esclaves changent de leur échelle sociale selon celle de leur maître et que les esclaves du souverain sont les plus hautement situés alors que ceux degéwél et des forgerons, l etc, sont les plus bas [Gamble 1957: 44].

Il faut noter qu’il y a une certaine ambiguïté à l’expression des gens de

“castes inférieures” (low-caste groups) car Gamble ne mentionne pas les gens de “castes supérieures”. On ne sait pas exactement par rapport à qui ces gens sont de castes “inférieures”. On peut supposer que Gamble oppose ces gens de “castes inférieures” auxjaambur ou gor à savoir les gens libres. Cela reviendrait à dire que, selon Gamble, les jaamburrconstituent une

“caste supérieure” puisqu’ils sont opposés aux gens de “castes inférieures”, mais ce n’est pas clairement énoncé. Finalement on peut comprendre que les jaamburou gor (les gens libres) sont opposés plus directement aux jaam (les esclaves=les non-libres), alors que les gens de “castes inférieures” sont placés en dehors de cette opposition puisqu’ils ne sont pas définis s’ils sont libres ou non-libres. La Figure 1 est l’interprétation en schéma de ce qu’explique Gamble. On peut y voir

clairement l’unidimensionnalité dont je parle; à savoir les trois groupements de gens sont organisés d’une façon verticale et hiérarchique.

Après l’étude de Gamble [1957], nous savons que de maints auteurs ont touché, les uns directement et les autres indirectement, à la compréhension de la question de la structure sociale des Wolofs. On peut dire que pratiquement tous ont procédé à l’interprétation d’une façon “unidimensionnelle”, c’est-à-dire ils expliquent la structure sociale comme stratification que l’on peut schématiser sur une surface plane de trois groupes de gens placés hiérarchiquement [Ch. A. Diop 1960; Bomba 1965 et 1974; Monteil 1966;

Silla 1966; Cissoko 1969; Barry 1972; Irvine 1973; Gellar 1982; Hesseling 1985; M. Diop 1985; Saint-Martin 1989]. Il est vrai que l’on peut reconnaître de certaines différences de compréhension selon les auteurs, mais on peut résumer les points essentiels qui peuvent être relevés chez ces auteurs comme suit:

(1) pratiquement tous les auteurs s’accordent à reconnaître que la société wolof est organisée d’une façon hiérarchique de trois groupes principaux de gens. On peut donc la représenter, si on exprimait sa structure

Fig. 1 La structure sociale des Wolofs expliquée par Gamble.

NB . Les ñeeño sont situés en deuxième place après les jaambur, mais on ne sait pas exactement s’ils sont libres ou non.

NB . La position des jaamvarie selon celle de leur maître; lesjaamde jaambur sont le plus hautement situés alors que ceux des ñeeñosont au plus bas.

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en schéma, sur un plan vertical de trois couches en stratifi cation.

(2) certains auteurs supposent qu’il y avait originellement deux groupes de gens, à savoir les gens libres (gor(( ) et non-libres (jaam

(( ) et dans le groupe des gens libres fut née un groupe de gens, les artisans (ñeeño), par suite d’intégration des gens d’autres ethnies [eg. M. Diop 1985].

(3) beaucoup d’auteurs s’accordent à reconnaître que les positions sociales des esclaves variaient selon celle de leur maître;

ainsi les esclaves de couronne, bien qu’ils fûrent les esclaves de condition, exerçaient de grands pouvoirs social et politique à tel point que, selon l’expression de Ch.

A. Diop, “ils ne sont plus esclaves que de nom” [Ch. A. Diop 1960: 9].

(4) beaucoup d’auteurs sont également d’accord en ce qui concerne la position des baadoolo (les gens du commun=les paysans) dont la situation, bien qu’ils fûrent libres de condition, était peu enviable en ce sens qu’ils étaient souvent l’objet d’exploitation non seulement de la part du souverain mais des esclaves de couronne aussi.

(5) certains auteurs attirent nos attentions à l’aspect très positif des artisans (ñeeño) soulignant leurs gains économiques.

Les artisans, bien qu’ils fûrent placés sur l’échelle sociale après les gens libres, ne perdaient en rien du point de vue é c o n o m i q u e p u i s q u e l e s g e n s l i b re s étaient tenus d’”assister à tous les points de vue: même s’ils sont moins riches ils devaient «donner» si un homme de

«caste inférieure» s’adressait à eux”

[Ch. A. Diop 1960: 8]. Selon Cissoko,

“la vraie catégorie d’hommes libres est formée de ceux qui sont castés c’est-à- dire des artisans (forgerons, bijoutiers,

cordonniers, musiciens ou griots, etc.).

Ils ne pouvaient être réduits en esclavage et, hormis certaines tares héréditaires, ils étaient maîtres de leur personne, de leur franc-parler et remplissaient des fonctions p o l i t i q u e s i m p o r t a n t e s a u p r è s d e s souverains” [Cissoko 1969: 18].

Par contre, il y a d’autres auteurs qui remarquent plutôt l’aspect négatif des artisans soulignant leur manque de sens moral. C’est le cas, par exemple, de Yoro Dyâo [Rousseau 1929] qui disait que les ñeeño (les artisans) étaient “impurs par leur origine” et qu’ils étaient les objets de “mépris et répugnance” découlant de l’impureté originelle. Selon Yoro Dyâo, les artisans étaient des “corrompus” et qu’ils formaient “les castes les plus basses, les plus méprisées et les plus redoutées” [Rousseau 1929: 157]. Selon certains auteurs, ce genre de vues négatives des artisans restent encore à nos jours surtout en question de mariages. A.-B. Diop dit dans son livre paru en l’année 1981 que “ce genre de mariage (le mariage de deux individus de catégories diff érentes) est peu courant” [A.- B. Diop 1981: 66] et Hesseling dans son livre paru en l’an 1985 dit que “les mariages mixtes, c’est-à-dire entre des membres de classes sociales traditionnellement jugées différentes restent cependant difficiles, pour ne pas dire impossible” [Hesseling 1985: 81]. Toutes ces vues négatives seraient liées, pensons-nous, au fait que les artisans sont considérés comme des gens d’ethnies différentes qui ont été intégrés dans la société.

A part les cinq points relevés ci-dessus, on peut remarquer que certains auteurs considèrent tous les trois groupes de gens, à savoir les gens de la noblesse et ceux

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du commun, les artisans et les esclaves également, comme constituant les castes, alors que d’autres considèrent uniquement le groupe des artisans comme les gens de castes. Ch. A. Diop [1960], Irvine [1973], A.-B. Diop [1981], et M. Diop [1985] appartiennent au premier groupe d’auteurs, et Bomba [1965 & 1974], Silla [1966], Cissoko [1969], Barry [1972], Gellar [1982], Hesseling [1985], Saint-Martin [1989], Tamari [1991], Panzacchi [1994], et Tang [2007] appartiennent au deuxième groupe d’auteurs. Quant à Gamble [1957]

et Marcovitz [1970], leur position en ce qui concerne l’interprétaion de castes n’est pas tout à fait claire. Il semble que ces deux auteurs utilisent la notion (donc le terme) de caste sans la défi nir tout à fait. En tous les cas, pour ce qui concerne la question d’utilisation du terme de caste p our les groupes sociaux chez les Wolofs, je n’entrerai pas en discussion détaillée dans cet article pour la raison que j’ai expliquée dans l’introdution.

N o u s a v o n s v u p l u s h a u t u n e schématisation de l’interprétation de la structure sociale unidimensionnelle: celle de Gamble, mais nous avons remarqué (numéro (3) plus haut) que beaucoup d’auteurs s’accordaient à reconnaître que la position sociale des esclaves variait selon celle de leur maître. Je montrerai ici en Fig. 2 et 3 les variations des positions d’esclaves selon leur maître. Deux façons de schématisation seraient possibles.

A ce stade de notre analyse, nous comprenons, au vu des schémas, pourquoi certains auteurs plaçaient les esclaves (les jaam) au plus bas de l’échelle sociale alors que d’autres plaçaient plutôt les artisans (les ñeeño) au plus bas. Indépendamment

de leur statut de servilité, la varibalité de la position sociale des esclaves l’explique, et pour comprendre cette varibalité de la position la schématisation nous aide beaucoup.En effet, au vu de la Fig. 2, nous avons l’impression que les esclaves se trouvent de toute façon au plus bas de l’echelle sociale, alors que, au vu de la Fig.

3, on peut très bien penser que ce sont plutôt des artisants (lesñeeño) qui sont à la base car la case blanche de ñeeño se trouve le plus en bas par rapport à d’autres cases blanches.

3. Interprétation par Abdoulaye-Bara Diop de la structure sociale des Wolofs

J’ai dit dans l’introduction de cet article que la parution du livre, en l’année 1981, d’Abdoulaye-Bara Diop a marqué une époque dans l’interprétation et la compréhension de la structure sociale traditionnelle des Wolofs. Effectivement c’est A .-B. Diop qui a souligné qu’il fallait, pour la bonne compréhension de la structure sociale, reconnaître l’existence dans la so ciété de deux systèmes qui fonctionnaient chacun sur un principe différent. C’étaient le système des castes d’une part, et le système d’ordres d’autre part. Cette reconnaîssance est, pensons- nous, fondamentale pour que l’on saisisse c l a i r e m e n t l a s t r u c t u r e . S e u l e m e n t , répéterai-je, A.-B. Diop n’a pas expliqué comment ces deux systèmes interféraient, s’infl uençaient et se superposaient.

Il est d’autre part évident que A.-B.

Diop n’ait pas eu l’idée de séparer les deux systèmes dans la société wolof sans s’inspirer aux travaux des prédécesseurs.

A.-B. Diop lui-même mentionne un travail de G. Balandier [1967], mais il y a d’autres

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auteurs dont il se serait inspiré. Ainsi, on peut citer par exemple P. Diagne, qui a analysé de différents systèmes politiques de l’Afrique de l’ouest [Diagne 1967], s’est référé au livre classique d’Evans- Pritchard et Fortes,African Political Systems, et mentionna les trois types de systèmes politiques africains. Dans le premier type, il y a fusion entre la structure politique et l’organisation parentale. Le second type

intéresse des sociétés qui abritent des différenciations sociales peu prononcées, alors que le dernier type concerne la société étatique. Et, p our ce dernier typ e de société, Diagne dit en résumant les écrits d’Evans-Pritchard et Fortes:

“L’entité à laquelle elle (=la société étatique) renvoie n’exclut pas un cer- tain rôle du système de parenté dans la vie politique, elle tient simplement

Fig. 2 Structure sociale montrant les diff érentes positions des esclaves (variante 1).

Fig. 3 Structure sociale montrant les diff érentes positions des esclaves (variante 2).

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ce rôle pour secondaire et articule l’organisation politique sur des unités territoriales. Le système implique la présence d’un appareil administratif centralisé; des distinctions d’ordres et de statuts y justifient l’existence de privilèges économiques au sein de groupes généralement hétérogènes.”

[Diagne 1967: 11–12].

La société wolof était depuis vers le 15e siècle une société qui était fortement inégalitaire étant organisée d’une façon tout à fait hiérarchique. C’était une société étatique qui distinguait le système de statuts et celui d’ordres. Ainsi, par suite de Diagne, Barry, dans son étude de l’histoire du royaume de Waalo (un des royaumes des Wolofs), dit:

“une liaison étroite existe entre le système politique et le système social du royaume du Waalo. Le premier émerge en quelque sorte du second dont il refl ète les diff érentes hiérarchies d’ordre et de caste.” [Barry 1972: 87].

Nous comprenons ainsi que le système des castes dont définit A.-B. Diop correspond au système social et celui d’ordres au sys- tème politique.

Mais, au fait, dès les années 1920 Yoro Dyâo, certainement le premier auteur qui a analysé en détail et les sytèmes et les histoires de différentes sociétés wolofs, ne s’était-il pas aperçu qu’il fallait distinguer le système d’ordres et le système de castes p our bien comprendre l’organisation sociale des Wolofs? Yoro Dyâo, ne disait-il pas que la so ciété wolof comp ortait essentiellement deux grandes catégories:

les gens libres (les nobles et les paysans) et les gens non-libres? Et, parmi ces gens non-libres, ne distinguait-il pas les gens

non-libres politiquement (les esclaves) et ceux non-libres moralement? Par ce terme de gens non-libres moralement, Yoro Dyâo représentait les artisans (les castés, ñeeño). Nous nous rappelons que Yoro Dyâo qualifiait ces artisans comme

“corrompus”, “méprisés” et “redoutés”

[Rousseau 1929: 156]. Il dit également que les artisans sont des “castes impures, par leur origine et par leurs occupations”, c’est que Dyâo était conscient du fait que les artisans (ñeeño) formaient un groupe pour ainsi dire au dehors du système politique.

D ans la conception de Yoro Dyâo, le système politique wolof était composé des gens libres (les nobles et les paysans) d’un côté et des gens non-libres (les esclaves).

Et, si les artisans existaient dans la société wolof, ce n’était pas sur le plan du système politique mais bien sur le plan du système social. L’important, de toute façon, c’est que Dyâo ne saisissait pas les artisans sur le même niveau du système politique que les gens libres et les esclaves. Ne pourrait-on pas dire, par conséquent, que le premier précurseur des idées de séparation de deux systèmes dans la société wolof, c’était bien Yoro Dyâo?

A.-B. Diop, s’inspirant certainement de tous ces travaux, commença ses analyses en reconnaîssant d’abord qu’il y avait deux systèmes séparés, qui fonctionnaient chacun sur un principe à lui, dans la société wolof: celui des castes et celui des ordres qui n’ont ni les mêmes fondements ni les mêmes caractéristiques. Le premier est étroitement lié à la division du travail, donc il relève du système social, et le second se réfère nettement au pouvoir politique.

A.-B. Diop lui-même ne montre pas ces deux systèmes en forme de schémas, mais

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Tang dans son étude a montré ces deux systèmes en schéma. Nous les reproduisons ci-dessous (Fig. 4 et 5).

J’ai déjà dit à plusieurs reprises que ce fut un grand mérite d’A .-B. Diop d’avoir commencé les analyses à partir de la séparation de deux systèmes: celui des castes et celui d’ordres. Un autre point important de son analyse est qu’il a divisé en ce qui concerne le système des castes essentiellement en deux groupes: les géer d’un côté et les ñeeñode l’autre, et qu’il a défini lesgéerr d’une façon “négative” à savoir comme non-artisans (les gens à qui l’artisanat est interdit) et non pas comme les nobles et les paysans. Donc, dans le système de castes, c’est la bipartition qui importe: des non-artisans d’un côté et les artisans dans l’autre [A.-B. Diop 1981: 33].

Quant au domaine des ordres, A.-B.

Diop dit que la société wolof se structure

s u i v a n t d e u x f a c t e u r s d e r é f é r e n c e distincts. L’un correspond à la dimension liberté-servilité. C’est cela qui donne une division binaire principale de la société – gor (our jaambur)/rr jaam// (hommes libres/

esclaves). L’autre facteur de structuration de la société est politique: il se réfère à la proximité de l’individu au pouvoir central.

Donc, un esclave de couronne, même s’il est esclave de condition, possède un grand pouvoir puisqu’il est plus proche du pouvoir central qu’un simple homme libre.

Ainsi on comprend que la structuration de la société wolof ne peut pas être représentée en simple schéma de stratification, mais, alors, est-il suffisant de montrer deux schemas séparément, celui des castes et celui d’ordres, comme le fait Tang? A.-B.

Diop répète plusieurs fois que ces deux systèmes interfèrent, s’influencent et se superposent (sans expliquer concrètement

Fig. 4 Le schéma du système des castes par A.-B. Diop (schématisé par Tang).

Fig. 5 Le schéma du système d’ordres par A.-B. Diop (schématisé par Tang).

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comment, il est vrai). Du moment que ces deux systèmes interfèrent, s’influencent et se superposent, n’est-il pas important voire même impératif de montrer concrètement en schéma cette interférence et cette superposition ?

M . D i o u f, d a n s s o n é t u d e s u r l e royaume du Kayor du 19e siècle, adopte le mode d’analyse proposée par A.-B. Diop et dit:

“Le système politique se définit par rapport au pouvoir politique et aux groupes qu’il ordonne hiérarchique- ment; le système social les distribue par rapport à la division du travail d’une manière positive ou négative.

La superposition de ces deux systèmes dans l’organisation est évidente.” [M.

Diouf 1990: 43]

M. Diouf dit également:

“L’analyse des structures sociales de la société wolof est plus malaisée qu’on ne le pense de prime abord. Celles-ci semblent données par le mode de désignation et de hiérarchisation adopté par les Wolofs eux-mêmes.

Ce qui a entraîné, chez de nombreux

auteurs, la définition de la société wolof comme une société stratifiée”

[ibid., p. 44].

M. Diouf sépare donc bien les deux systèmes mais ne montre pas en schéma comment ils se superposent. Il montre deux schémas que nous reproduisons ci-dessous:

4. Schématisation par axes de coordonnées de l’organisation sociale des Wolofs

Mettons nos problèmes en ordre.

Beaucoup d’auteurs ont abordé directement ou indirectement la question de la structure so ciale des Wolofs et s’accordaient à la représenter par une stratification de trois groupes principaux de gens. J’ai défini cette façon de compréhension comme celle unidimensionnelle. A.-B.

Diop a clairement montré qu’il fallait reconnaître l’existence de deux systèmes qui fonctionnaient chacun sur un principe à lui et leur interférence ou superposition sans toutefois expliquer de quelle façon cette superposition était réalisée. C’est la compréhension bidimensionnelle en ce sens que l’on procède à l’analyse s’aidant de deux principes. M. Diouf [1990] et

Fig. 6 Bipartition sociale de la société wolof (par M. Diouf).

Fig. 7 Catégories des gens du point de vue politique (par M. Diouf).

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Tang [2007] montrent leur accord avec cette façon de compréhension d’A.-B.

Diop et ils ont montré chacun à sa façon des schématisations de deux systèmes sans toutefois toujours montrer leur superposition. Ni A.-B. Diop, ni même M.

Diouf ou Tang ne réussissent à expliquer concrètement ou montrer en schéma cette superposition de deux systèmes. Je pense qu’en utilisant la schématisation par axes de coordonnées, on peut très bien représenter cette superposition. En fait, ma

schématisation est tridimensionnelle pour qu’elle soit complète comme on la voit ci-dessus (Fig. 8).

Procédons à l’explication. L’axe x représente l’opposition liberté/servilité (gor/jaam// ) et l’axe y celle du pouvoir politique. La partie d’en haut de l’axe y montre le pouvoir fort (+) et celle d’en bas le pouvoir faible (–). La section (1) formée par “liberté et pouvoir politique fort (gor((

et +)” est le domaine du pouvoir politique.

D ans cette section appartiennent les

Fig. 8 Structure sociale des Wolofs: Schématisation par axes de coordonnées tridimensionnelle.

Fig. 9 Schéma détaillé de la section (1).

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jaambur qui ont pouvoir politique (r ((garmi).

J’ai inscrit dans cette section les marabouts également car les marabouts islamiques avaient un certain pouvoir en tant que auxiliaires des hommes politiques. Cette section (1) peut être schématisée plus en détail comme elle est montrée ci-dessous (Fig. 9), puisque dans cette section il y a un souverain (buur) et les nobles qui peuvent r être élu le souverain (garmi(( ) et d’autres nobles qui n’avaient pas le droit d’être élu le souverain (jaambur(( rr).

La section (2) est formée de “liberté et le pouvoir politique faible (gor(( et –)”

représente le domaine de pro duction a g r i c o l e a u q u e l a p p a r t i e n n e n t l e s paysans (baadoolo). Comme on le sait déjà les baadoolo sont des gens libres de condition, mais ils étaient dépourvus du pouvoir politique étant l’objet même de l’exploitation de la part des nobles et des esclaves de couronne (ceddo).

La section (3) est formée de “servilité et le pouvoir politique fort (jaam(( et +)”. C’est le domaine du pouvoir militaire auquel appartiennent les esclaves de couronne, surtour de ceddo.

La section (4) enfin est formée de

“servilité et le pouvoir politique faible (jaam((

et –)”. C’est le domaine de production agricole, mais auxiliaire dans un sens parce qu’effectuée par les esclaves des paysans.

Les personnes qui se placent dans cette section sont pour ainsi dire les plus faibles dans la société: les esclaves de gens du peuple.

Maintenant, nous avons deux autres sections que j’ai montrées p eintes en gris et qui sont placées en dehors du schéma par axes de coordonnées, mais qui sont liées avec ce schéma. Ces sections

représentent les catégories de gens qui font partie de la société wolof entière mais qui sont considérés par les autres comme s’ils étaient un peu en dehors du système étant considérés comme originaires d’autres group ements ethniques. Ce sont des gens qui exercent de différentes sortes d’artisanat et des griots (ñeeño).

La so ciété traditionnelle wolof était composée de toutes ces six sections. On peut la représenter par une variante de schématisation comme ci-dessous montrée (Fig. 10).

J e d i s a i s d a n s l ’ i n t ro d u c t i o n d e c e t a r t i c l e q u e p o u r c o m p r e n d r e l e positionnement des gens de castes dans la société wolof, la meilleure façon serait celle que l’on se réfère à la notion de l’opposition p r i v a t i v e q u ’ e x p l i q u e Z . B a u m a n . Bauman en fait emprunte cette idée de l’opposition privative qui est utilisée dans les études linguistiques pour comprendre les phénomènes culturels. Dans ce type d’opposition, il est supposé existence d’un élément marqué d’une part et l’autre non- marqué. L’important, c’est que l’élément marqué attire l’attention des gens du fait qu’il est “marqué”, mais l’élément non- marqué ne se fait pas sentir son existence dans le temps normal. Bauman dit:

“The most important feature consists in a ‘double meaning’ of the unmarked member: it ‘represents’ either the entire category, or one part of it—the one le a er the marked member had ‘cut off ’ the other. us the unmarked member is indicative of a certain feature whose appearance is signifi ed by the marked member.” [Bauman 1973: 102]

Bauman explique que les membres de la catégorie non-marquée découvrent leur

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identité non-marquée seulement lorsque confrontés délibérément par l’élément marqué. Dans le temps normal, l’on ne s’apreçoit pas que l’élément est non- marqué; il est dans un sens caché parce qu’il est précisément non-marqué par la nature. Il n’insiste pas qu’il est normal.

L’élément est là comme l’état normal des choses. L’élément non-marqué lui-même ne s’aperçoit pas qu’il est non-marqué.

Il se fait remarquer uniquement lorsqu’il est confronté à un élément marqué. Cet élément marqué, n’est-il pas justement la nature des gens castés dans la société wolof? A.-B. Diop, dans son analyse du sys- tème des castes, a très justement défi ni les géer d’une façon négative, à savoir commer non-artisans, car les géer sont des élémentsr non-marqués dans la société wolof. Ce

sont des artisans (les castés,ñeeño) qui sont des éléments marqués, c’est la raison pour laquelle j’ai montré les cases des gens castés peintes en gris dans mon schéma (Fig. 8).

Les géerrse font savoir seulement lorsqu’ils sont confrontés aux castés. Attributions de certains préjugés aux gens de castes ou le peu d’enthousiasme de la part des gensgéer pour le mariage avec un membre de castes, tout cela s’explique par cette opposition du type privatif.

5. Discussions

Un lecteur-examinateur anonyme de mon manuscrit a bien voulu me proposer un schéma qui puisse aussi être valable que celui que j’ai montré à la Fig. 8. La particularité de ce schéma (Fig. 11) consiste

Fig. 10 Structure sociale des Wolofs: Schématisation par axes de coordonnées (Variante 1).

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à représenter la structure sociale des Wolofs en plan bi-dimensionnelle, alors que mon schéma (Fig. 8) est tri-dimensionnelle.

Le lecteur-examinateur divise donc la société wolof d’abord par l’axe pricipal qui sépare les ñeeño (+ en gros) des autres catégories de gens qui sont montrés sous le gros signe –. Cette division est faite selon l’opposition privative dont j’ai parlé dans le texte. La partie gauche du schéma (Fig. 11) ressemble à la division en quatre sections de la société que j’ai montrée à la Fig. 8, bien que les positions de diff érentes catégories de gens soient changées. Ainsi, nous trouvons les jaambur à la section (A) et les baadoolo à la section (B). Je comprends que la proposition du lecteur- examinateur a une valeur en ce sens que sa façon de représenter la société est une variante du schéma que j’ai proposé à la Fig. 8.

Après avoir fait toutes ces considérations, ce que je voudrais insister le plus consiste à dire que, pour la bonne compréhension de la structure sociale traditionnelle des Wolofs, l’on ne devrait pas être contraint de la concevoir en forme de stratification.

Certes, la société wolof était “fortement h i é r a rc h i s é e ” e t e l l e é t a i t d e n a t u re

“inégalitaire” comme disent les maints auteurs, mais ce fait ne nous oblige pas à concevoir sa structure en stratification.

Nous comprenons et saisissons mieux la nature et la composition de la société en système de rapports relationnels de diff érentes catégories de gens. Ce sont ces rapports relationnels qui sont représentés par les schémas que nous avons examinés dans cet article. Enfin, je pense que ce qui est important est de recourir à la schématisation par axes de coordonnées et non à celle en forme de stratification verticale simple de différentes couches sociales. (fi n)

[Remerciements]

Je remercie Monsieur KAMIYA Toshiro et Monsieur SAKUMA Yutaka pour leurs aides techniques (documentation et modes d’emploi d’ordinateur) pour rédiger cet article. Les commentaires du lecteur- examinateur anonyme de mon manuscrit étaient également bénéfi ques.

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reception –18 May 2009

Fig. 2  Structure sociale montrant les diff érentes positions  des esclaves (variante 1).
Fig. 4  Le schéma du système des castes par A.-B. Diop (schématisé  par Tang).
Fig. 6  Bipartition sociale de la société wolof (par M. Diouf).
Fig. 8  Structure sociale des Wolofs: Schématisation par axes de coordonnées tridimensionnelle.
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